Il n’y a pas vraiment d’endroit vers où aller
je n’attends plus grand chose des choses
ou de mes proches
je n’attends plus vraiment
mais je reste quand même
pendant un long mois, je restais parfois sur le quai d’une gare
je n’attendais pas vraiment le train
je voulais que le temps passe
je faisais semblant d’être allé à la fac
en rentrant chez moi
j’ai l’impression de faire semblant de vivre
aux amies avec qui je fais un travail de groupe
je leur dis : je ne me sens pas bien
je leur promets d’envoyer un travail que je n’ai pas fait
et je me recache
je mens à mes parents en leur disant que tout va bien
je n’ai pas envie de discuter avec eux
mais j’aimerais avoir envie
c’est comme si j’évitais la vie
comme un ami du collège qu’on croise dans la rue
on fait semblant de ne pas l’avoir vu
je redoute de rencontrer mes ami.es
ceux et celles que je connais
j’ai l’impression de les croiser
comme cet ami du collège
on s’apitoie
mais la consolation est un alcool
la honte en guise de gueule de bois
peut-être le besoin de consolations est impossible à rassasier
car elles nous crèvent le ventre
je ne sais pas si j’étouffe ou je vomis
le silence de la chambre
je regarde parfois les livres empilés
que je ne lis pas
la chambre est remplie de tout ce que je ne fais pas
comme le trésor d’un dragon
je découvre de temps en temps dans celui-ci
la richesse d’une nouvelle activité que
je garde en moi en me disant
qu’il est possible de faire quelque chose
ça me rassure
je collectionne les possibles
sans vraiment les regarder d’assez près
pour les réaliser
je les mets dans une tirelire
le genre de tirelire qu’il faut casser
pour reprendre ce qu’on y met
comme excuse pour ne rien faire
je me dis que j’attends encore un peu
avant de la casser
et toujours la honte chuchote
comme un serpent qui me promet le fruit
qui guérit son propre venin
que l’on résiste ou que l’on cède
peu importe vraiment
la pomme est empoisonnée