Les histoires tristes

Je n’aime pas raconter des histoires tristes
car la tristesse de mes poèmes
je la connais encore moins
que la tristesse des autres.
Mon corps, a-t-il goûté à cette
tristesse, quand je tentais alors
de raconter la douleur de mon mutisme ?
Mon dos noué semblait encore éteint
mes bras tremblants tombaient leur fièvre
mes lèvres violettes demeuraient closes
seul mon regard semblait encore parler
de silences dans l’espace.
La vie vaut la peine d’être racontée
cela est ma philosophie
mais comment raconter la non-vie
celle qui frappe au cœur son néant
tous les jours toutes les nuits ?
Je n’aime pas raconter des histoires tristes
cela me rappelle que la tristesse
n’est qu’une interprétation ; je la laisse
aux artistes. Mais j’aime lire des poèmes
tristes, car quand je lis ces poèmes
qui me renversent le cœur, je me dis
que la tristesse des autres est la seule tristesse
qui me fait sentir, au plus profond de moi,
poétesse.